12.
Quelle grande et merveilleuse réponse, lui dis-je, me donne, par votre organe, Dieu lui-même, et, comme je suis de plus en plus amené à le croire, ce je ne sais quel ordre caché dans l'univers. J'entrevois tant de vérité et de profondeur dans les choses dites par vous, que j'ignore comment vous en parlez sans les avoir vues, et comment vous les voyez. Tu ne cherches peut-être pour exprimer ta pensée qu'une seule comparaison; mais j'en vois maintenant d'innombrables qui m'amènent à penser comme toi. Quoi de plus hideux que le bourreau? Quoi de plus farouche et de plus impitoyable que cette âme? Mais il occupe dans la législation une place nécessaire, et il fait partie de l'ordre dans une société bien réglée; il croit nuire et il est le châtiment de ceux qui nuisent à l'ordre public. Quoi de plus repoussant, de plus dépourvu de beauté, quoi de plus couvert de honte que les prostitués, les prostituées et autres fléaux du même genre? Bannis de la société humaine les femmes de mauvaise vie, et tu troubles tout par les passions honteuses; donne-leur la place des femmes mariées, et tu jettes partout le déshonneur et l'infamie. Ainsi donc les moeurs impures de ces sortes de gens déshonorent leur vie, et la loi de l'ordre les met à la dernière place. Dans le corps de l'animal, n'y a-t-il pas des membres que l'on ne peut envisager à part ? et néanmoins l'ordre de la nature n'a pas voulu qu'ils fissent défaut, car ils sont nécessaires; ni qu'ils fussent mis en évidence, car ils sont honteux. Il y a plus : ces membres d'ignominie, en occupant leur place, ont cédé la place d'honneur aux membres plus nobles. Quoi de plus agréable pour nous, quel spectacle plus convenable dans une campagne, que le fut l'autre jour ce combat de coqs dont nous avons fait mention au premier livre1? Cependant quoi de plus abject que l'abattement du vaincu ? Toutefois encore il contribuait à faire ressortir la beauté de ce combat.
Ci-dess., liv. I, ch. 8, n. 25. ↩
