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Voilà, avec tant d'autres choses que présente la vie humaine, ce qui détermine la plupart des hommes à cette croyance impie, qu'il n'y a ni ordre, ni providence pour nous gouverner. D'autres mortels, pieux, bons et doués d'un brillant génie, ne peuvent se persuader que nous soyons abandonnés par le Dieu suprême. Troublés néanmoins par l'obscurité et la confusion des choses, ils ne peuvent y découvrir un ordre, et dans leur désir de connaître les causes les plus secrètes, souvent même ils recourent à la poésie1, pour déplorer leurs erreurs. Qu'ils demandent seulement pourquoi les Italiens désirent toujours des hivers sereins, et pourquoi notre infortunée Gétulie est toujours desséchée, qui leur répondra facilement? Qui d'entre nous s'occupera de faire des conjectures sur les motifs d'une telle disposition? Pour moi, si je puis donner un avis à ceux qui me sont chers, je crois, au moins selon mes vues et mon sentiment, qu'ils doivent s'appliquer à l'étude de toutes les sciences2. Car il est impossible autrement de comprendre toutes ces questions et d'en voir la solution plus clairement qu'on ne voit la lumière elle-même. Mais si leur esprit est trop lent, ou trop occupé d'autres affaires, ou trop peu capable d'étudier encore, qu'ils se préparent un appui dans la foi, et Celui qui ne laisse périr aucun de ceux qui croient docilement les mystères sur sa parole, les attirera à lui par ce moyen, et les délivrera de ces épaisses et horribles ténèbres.
