CHAPITRE III.
SOUS QUELS ROIS DES ASSYRIENS ET DES SICYONIENS NAQUIT ISAAC, ABRAHAM ÉTANT ALORS ÂGÉ DE CENT ANS, ET A QUELLE ÉPOQUE DE CES MÊMES EMPIRES ISÂAC, ÂGÉ DE SOIXANTE ANS, EUT DE RÉBECCA DEUX FILS, ÊSAÜ ET JACOB.
Ce fut sous le règne de Teixion que naquit Isaac, selon la promesse que Dieu en avait faite à son père Abraham, qui l’eut à l’âge de cent ans de sa femme Sarra, à qui la stérilité et le grand âge avaient ôté l’espérance d’avoir des enfants: Arrius1, cinquième roi des Assyriens, régnait alors. Isaac, âgé de soixante ans, eut de sa femme Rébecca deux enfants jumeaux, Esaü et Jacob, Abraham étant encore vivant et âgé de cent soixante ans; mais il mourut quinze ans après, sous le règne de l’ancien Xerxès, roi des Assyriens, surnommé Baléus, et de Thuriacus ou Thurimachus, roi des Sicyoniens, tous deux septièmes souverains de leurs peuples. Le royaume des Argiens prit naissance sous les petits-fils d’Abraham, et Inachus en fut le premier roi. Il ne faut pas oublier, qu’au rapport de Varron, les Sicyoniens avaient coutume de sacrifier sur le sépulcre de Thurimachus. Sous les règnes d’Armamitres et de Leucippus, huitièmes rois des Assyriens et des Sicyoniens, et sous celui d’Inachus, premier roi des Argiens, Dieu parla à lsaac et lui promit, comme il avait fait à son père, qu’il donnerait la terre de Chanaan à sa postérité, et qu’en elle toutes les nations seraient bénies. Il promit la même chose à son fils Jacob, appelé depuis Israël, sous le règne de Bélocus, neuvième roi des Assyriens, et de Phoronée, fils d’Inachus, deuxième roi des Argiens; car Leucippus, huitième roi des Sicyoniens, vivait encore. Ce fut sous ce Phoronée2, roi d’Argos, que la Grèce commença à devenir célèbre par ses lois et ses institutions. Phegoiis, cadet de Phoronée, fut honoré comme un dieu après sa mort, et on lui bâtit un temple sur son tombeau. J’estime qu’on lui déféra cet honneur, parce que, dans la partie du royaume que son père lui avait laissée, il avait élevé des chapelles aux dieux, et divisé les temps par mois et par années. Surpris de ces nouveautés, les hommes encore grossiers crurent qu’il était devenu dieu après sa mort, ou le voulurent croire. On dit qu’Io, fille d’Inachus, appelée depuis Isis, fut honorée en Egypte comme une grande déesse; d’autres pourtant la font venir d’Ethiopie en Egypte, où elle gouverna avec tant de sagesse et de justice que les Egyptiens, qui lui devaient en outre l’invention des lettres et beaucoup d’autres choses utiles, la révérèrent comme une divinité, et défendirent, sous peine de la vie, de dire qu’elle avait été une simple mortelle.
L’édition bénédictine donnait Arabius, auquel la nouvelle édition de 1838 substitue Arrius. Voyez la note du savant éditeur, tome VII, page 776. ↩
Pausanias fait honneur à Phoronée d’avoir initié son peuple à l’usage du feu (lib. II, cap. 15); ce que saint Augustin dit de ce personnage et de son frère Phegoüs est très-probablement emprunté à Vairon. Comp. Platon, Timée, init. ↩
