CHAPITRE L.
DE LA PRÉDICATION DE L’ÉVANGILE, DEVENUE PLUS ÉCLATANTE ET PLUS EFFICACE PAR LA PASSION DE CEIJX QUI L’ANNONÇAIENT.
Ensuite, selon cette prophétie : « La loi sortira de Sion, et la parole du Seigneur, de Jérusalem1 », et suivant la prédiction du Sauveur même, quand après sa résurrection il ouvrit l’esprit à ses disciples étonnés, pour leur faire entendre les Ecritures, et leur dit: « Il fallait, selon ce qui est écrit, que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât le troisième jour, et qu’on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem2 »; et encore, quand il répondit à ses disciples qui s’enquéraient de son dernier avénement: « Ce n’est pas à vous à savoir les temps ou les moments dont mon Père s’est réservé la disposition ; mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui viendra en vous, et vous me rendrez témoignage à Jérusalem, et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre3 » ; suivant, dis-je, toutes ces paroles, l’Eglise se répandit d’abord à Jérusalem, et de là en Judée et en Samarie; et l’Evangile fut ensuite porté aux Gentils par
le ministère de ceux que Jésus-Christ avait lui-même allumés comme des flambeaux pour
éclairer toute la terre, et embrasés du Saint-Esprit. Il leur avait dit : « Ne craignez point ceux qui tuent le corps, mais qui ne peuvent tuer l’âme4 » ; et le feu de la charité qui brûlait leur coeur étouffait en eux toute crainte. Il ne s’est pas seulement servi pour la prédication de l’Evangile de ceux qui l’avaient vu et entendu avant et après sa passion et sa résurrection ; mais il a suscité à ces premiers disciples des successeurs qui ont aussi porté sa parole dans tout le monde, parmi de sanglantes persécutions, Dieu se déclarant en leur faveur par plusieurs prodiges et par divers dons du Saint-Esprit, afin que les Gentils, convertis à celui qui a été crucifié pour les racheter, prissent en vénération, avec un amour digne de chrétiens, le sang des martyrs qu’ils avaient répandu avec une fureur digne des démons, et que les rois mêmes, dont les édits ravageaient l’Eglise, se soumissent humblement à ce nom que leur cruauté s’était efforcée d’exterminer, et tournassent leurs persécutions contre les faux dieux, pour l’amour desquels ils avaient auparavant persécuté les adorateurs du Dieu véritable.
