CHAPITRE XLVIII.
LA PROPHÉTIE D’AGGÉE TOUCHANT LA SECONDE MAISON DE DIEU, QUI DOIT ÊTRE PLUS ILLUSTRE QUE LA PREMIÈRE, NE DOIT PAS S’ENTENDRE DU TEMPLE DE JÉRUSALEM, MAIS DE L’ÉGLISE.
Cette maison de Dieu, qui est l’Eglise, est bien plus auguste que la première, bâtie de bois précieux et toute couverte d’or. La prophétie d’Aggée n’a donc pas été accomplie par le rétablissement de ce temple, puisque, depuis le temps où il fut rebâti, il fut moins fameux que du temps de Salomon, On peut dire même qu’il perdit beaucoup de sa gloire, d’abord par les prophéties qui vinrent à cesser, et ensuite par les diverses calamités qui affligèrent les Juifs jusqu’à leur entière désolation. Il en est tout autrement de cette nouvelle maison qui appartient au Nouveau Testament; elle est d’autant plus illustre qu’elle est composée de pierres meilleures, de pierres vivantes, c’est-à-dire des fidèles renouvelés par le baptême. Mais elle a été figurée par le rétablissement du temple de Salomon , parce qu’en langage prophétique ce rétablissement signifie le Testament nouveau. Ainsi, lorsque Dieu a dit par le prophète dont nous parlons: « Je donnerai la paix en ce lieu1 », comme ce lieu désignait l’Eglise qui devait être bâtie par Jésus-Christ, on doit entendre: J’établirai la paix dans le lieu que celui-ci figure. En effet, toutes les choses figuratives semblent en quelque sorte tenir la place des choses figurées. C’est ainsi que l’Apôtre a dit : « La pierre était Jésus-Christ2 », parce que la pierre dont il parle en était la figure. La gloire de cette maison du Nouveau Testament est donc plus grande que celle de l’Ancien, et elle paraîtra telle quand on en-fera la dédicace. C’est alors que « viendra celui que tous les peuples désirent3 », comme le porte le texte hébreu, parce que son premier avénement ne pouvait pas être désiré de tous les peuples, qui ne connaissaient pas celui qu’ils devaient désirer, et par conséquent ne croyaient point en lui. C’est aussi alors que, selon la version des Septante, dont le sens est pareillement prophétique, « les élus du Seigneur viendront de tous les endroits de l’univers ». A partir de cette époque, il ne viendra rien que ce qui a été élu et dont l’Apôtre dit : « Il nous a élus en lui avant la création du monde4 », Le grand Architecte qui a dit: « Il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus5 », n’entendait pas que ceux qui, ayant été appelés au festin, avaient mérité qu’on les en chassât, dussent entrer dans l’édifice de cette maison dont la durée sera éternelle, mais seulement les élus. Or, maintenant que ceux qui doivent être séparés de l’aire à l’aide du van, remplissent l’Eglise, la gloire de cette maison ne paraît pas si grande qu’elle paraîtra, quand chacun sera toujours où il sera une fois.
