CHAPITRE X.
ORIGINE DU NOM DE L’ARÉOPAGE SELON VARRON, ET DÉLUGE DE DEUCALION SOUS CÉCROPS.
Cependant Varron refuse d’ajouter foi aux fables qui sont au désavantage des dieux, de peur d’adopter quelque sentiment indigne de leur majesté. C’est pour cela qu’il ne veut pas que l’Aréopage, où l’apôtre saint Paul discuta avec les Athéniens1 et dont les juges son appelés Aréopagites, ait été ainsi nommé de ce que Mars, que les Grecs appellent Arès, accusé d’homicide devant douze dieux qui le jugèrent au lieu où le célèbre tribunal est aujourd’hui placé, fut renvoyé absous, ayant eu six voix pour lui, et le partage alors étant toujours favorable à l’accusé. Il rejette donc cette opinion commune et tâche d’établir une autre origine qu’il va déterrer dans de vieilles histoires surannées, sous prétexte qu’il est injurieux aux divinités de leur attribuer des querelles ou des procès; et il soutient que cette histoire de Mars n’est pas moins fabuleuse que ce qu’on dit de ces trois déesses, Junon, Minerve et Vénus, qui disputèrent devant Pâris le prix de la beauté, et ainsi de tous les mensonges semblables qui se débitent sur la scène au détriment de la majesté des dieux. Mais ce même Varron, qui se montre si scrupuleux à cet égard, ayant à donner une raison historique et non fabuleuse du nom d’Athènes, nous raconte qu’il survint un si grand différend entre Neptune et Minerve au sujet de ce nom, qu’Apollon n’osa s’en rendre l’arbitre, mais en remit la décision au jugement des hommes, à l’exemple de Jupiter, qui renvoya les trois déesses à la décision de Pâris; et Varron ajoute que Minerve l’emporta par le nombre des suffrages, mais qu’elle fut vaincue en la personne de celles qui l’avaient fait vaincre, et n’eut pas le pouvoir de leur faire porter son nom ! En ce temps-là, sous le règne de Cranaüs, successeur de Cécrops, selon Varron, ou, selon Eusèbe et Jérôme, sous celui de Cécrops même, arriva le déluge de Deucalion, appelé ainsi parce que le pays où Deucalion commandait fut principalement inondé ; mais ce déluge ne s’étendit point Jusqu’en Egypte, ni jusqu’aux lieux circonvoisins.
Act. XVII, 19 et seq. ↩
