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C'était donc dénaturer les observances du sabbat, de penser avec les Juifs que l'on devait suspendre même le travail que nécessitent la santé et la conservation de l'homme. Voilà pourquoi dans d'autres circonstances encore le Seigneur leur reproche ces exagérations, soit par la parabole du boeuf qui tombe dans un puits, soit par la parabole de l'âne que l'on délie pour le conduire se désaltérer au torrent1. Le sabbat n'a pas été détruit par les chrétiens, seulement il ne fut plus observé charnellement; les saints l'interprétant spirituellement y ont vu l'image du repos auquel le Sauveur nous convie par ces paroles : « Venez à moi, vous qui travaillez et je vous rendrai la force. Prenez mon joug et apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez le repos de vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau est léger2 ». C'est ce sabbat ou ce repos que la sainte Ecriture symbolisait, et que les Juifs ne comprenaient pas; ils n'en avaient que l'ombre, tandis que le corps, c'est-à-dire la vérité devait nous en être révélée. De même donc que ce repos de Dieu nous est mentionné aussitôt après la création du monde, de même ce repos, qui nous est promis, ne nous sera accordé qu'après les travaux de cette vie, si ces travaux sont justes; nous n'en jouirons qu'au septième jour, c'est-à-dire dans la dernière partie du siècle. Mais il serait trop long de développer cette pensée. Concluons seulement que loin de contredire l'Ancien Testament, le Seigneur nous place uniquement dans la nécessité de le comprendre; il ne détruit pas le sabbat au point d'anéantir la figure qui y était renfermée, il nous révèle plutôt le mystère qui y était caché.
