V. 4
« Celui qui observe les vents ne sème point, et celui qui considère les nuées ne moissonnera jamais. » Celui qui fait attention sur les personnes auxquelles il donne, et qui ne donne pas à tous indifféremment, manque souvent à donner à ceux qui sont dignes d'être assistés. Disons encore dans un autre sens : Celui qui sème la parole de Dieu et qui ne prêche que dans un temps favorable, lorsque tout le monde l'écoute volontiers et lui applaudit par ses louanges, celui-là, dis-je, est un prédicateur négligent et paresseux , un laboureur lâche et fainéant, parce qu'il arrive assez souvent, au milieu de la prospérité , que des vents contraires s'élèvent coutre nous lorsque nous n'y pensions point du tout. Il faut donc prêcher en tout temps la parole de Dieu et ne point discontinuer; il faut suivre la règle que saint Paul a donnée à son disciple Timothée en lui ordonnant de prêcher et d'annoncer la parole de l'Évangile, de presser les hommes à temps et à contre-temps , sans se lasser jamais de les tolérer et de les instruire. II ne faut pas dans te temps de la foi craindre les tempêtes, ni s'arrêter à la considération des nuées qui nous paraissent contraires, de peur que ces paroles des Proverbes ne s'accomplissent en nous : « Ceux qui abandonnent la sagesse et qui louent l'impiété sont semblables à une pluie violente qui n'apporte aucune utilité sur la terre. » Semons donc même au milieu des orages et des tempêtes, sans considérer de quel côté tournent les nuées et sans craindre les vents contraires. Ne disons pas: Ce temps est favorable, celui-ci est peu commode; puisque nous ignorons les voies et la volonté de l'esprit qui gouverne tout le monde.
