15.
Parlons des Lacédémoniens qui arrangèrent leurs cheveux avant le combat des Thermopyles, grand combat, comme l’appelle Dion, sans doute parce que les Lacédémoniens s’y préparèrent en se peignant. Mais c’était se battre sous de sinistres auspices: aussi pas un de ces guerriers ne survécut à cette journée. Si je dis cela, ce n’est point parce que les poils, comme je l’ai déjà établi, sont une partie morte chez les vivants, mais parce qu’ils croissent surtout sur les cadavres. Tout le monde sait ce qu’ont raconté les prêtres Egyptiens, qu’un mort avait été soigneusement rasé: l’année suivante on le retrouva avec une chevelure et une barbe épaisses. Dion n’a voulu se souvenir que des Grecs qui succombèrent si glorieusement; mais d’autres Grecs ont glorieusement vaincu; ils se sont pleinement vengés des barbares, et ils ont vengé le reste de la Grèce: il se garde bien de les citer. Je veux parler des Macédoniens et des Grecs qui tous, à l’exception des Lacédémoniens, suivirent Alexandre. Avant la bataille d’Arbelles (voilà ce que l’on peut appeler vraiment une grande bataille), sachant par expérience à quels dangers la barbe et les cheveux exposent les soldats, ils se rasèrent tous; puis, appelant à leur aide Dieu, la fortune et leur valeur, ils combattirent pour la conquête du monde. S’ils se décidèrent à se raser, en voici la raison, telle que nous la donne Ptolémée, fils de Lagus, écrivain bien informé, puisqu’il faisait partie de l’expédition, et véridique, puisqu’il était roi, lorsqu’il composa son histoire.
