65.
Si cette vue fait trembler le regard de votre âme, arrêtez-vous, ne luttez pas, combattez seulement votre entraînement vers les corps , domptez-le et vous aurez surmonté tous les obstacles. Ce que nous cherchons c'est l'unité, l'unité dans toute sa simplicité. Cherchons donc cette unité divine dans la simplicité de notre coeur. « Soyez en repos, est-il écrit, et vous reconnaîtrez que je suis le Seigneur1. » Ce n'est point un repos de lâcheté , c'est le repos de la pensée que ne fatigue ni le temps ni l'espace; car les images que produisent le volume et l'inconstance des objets matériels nous dérobent la vue de l'invariable unité. Dans l'espace, les objets tentent nos désirs; le temps les ravit à notre amour et nous laisse dans l'esprit le tourbillon de vaines pensées qui excitent et portent ça et là nos désirs. Ainsi l'âme devient chagrine ; et vainement cherche-t-elle à posséder ce qui la possède elle-même. On l'invite donc au repos, c'est-à-dire à ne point aimer ce qu'elle ne peut aimer sans fatigue. Ainsi pourra-t-elle dominer les créatures, en être la maîtresse et non plus l'esclave. « Mon joug est léger, » est-il écrit2. Tout donc est soumis à celui qui accepte ce joug. Pour lui plus de fatigue, car ce qui est soumis n'oppose plus de résistance. Qu'ils sont malheureux, au contraire, les amis de ce monde 1 Ils en seraient les rois s'ils eussent voulu être les fils de Dieu, puisqu'il « leur a été donné de « devenir les enfants de Dieu3. » Mais ces amis du monde redoutent tellement de s'arracher à ses caresses, que rien n'est plus fatiguant pour eux que d'être sans fatigue.
