66.
Mais quand au moins on voit clairement que la fausseté consiste à croire ce qui n'est pas , on comprend que la vérité consiste à montrer ce qui est. Or, comment les corps nous induisent-ils en erreur? N'est-ce point parce qu'ils ne reproduisent pas complètement cette unité qu'ils cherchent à imiter, ce vrai principe de tout ce qui est un, dont l'idée est tellement gravée en nous que nous trouvons bien ce qui en conserve quelques traces et que nous blâmons ce qui s'en éloigne et la dénature ? S'il en est ainsi, on peut comprendre qu'il y ait une autre unité tellement semblable à ce premier et unique modèle de tout ce qui est un, qu'elle l'égale complètement comme un autre lui-même. Or cette autre unité est la Vérité, le Verbe qui est dans le Principe, le Verbe qui est Dieu en Dieu. Puisque la fausseté dans les créatures ne vient pas de ce qu'elles imitent l'unité, mais de ce qu'elles ne s'y conforment pas entièrement, ce qui a pu la réaliser et devenir ce qu'elle est, n'est-il pas la Vérité même ? Cette Vérité manifeste l'unité telle qu'elle est. Aussi est-elle appelée son Verbe et sa lumière1. Les autres êtres ne peuvent que lui ressembler, et autant ils lui sont semblables, autant ils sont vrais. Pour elle, elle est la parfaite reproduction de l'unité , aussi est-elle la Vérité. De même que la vérité rend les choses vraies, ainsi la ressemblance rend les objets semblables; et comme l'une est la forme de ce qui est vrai, l'autre est la forme de ce qui est semblable. Forme vraie, par conséquent; car les êtres sont vrais autant qu'ils ont d'être, et leur être est proportionné à leur ressemblance avec l'unité souveraine; forme également universelle : elle est l'image parfaite du Principe suprême, et comme elle n'en diffère d'aucune manière, elle porte à juste titre le nom de Vérité.
Jean, I, 9. ↩
