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Cette dégradation de l'âme engendrée du péché et de son châtiment fait que tous les objets sensibles ne sont plus que ce qu'en dit Salomon : « Vanité des vaniteux, et tout est vanité. Quelle abondance procure à l'homme tout son travail qui le fatigue sous le soleil1 ? » Il a raison d'ajouter : « Des vaniteux ; » car s'il n'y en avait point pour donner leur préférence à ce qui a été placé au dernier rang, la matière ne serait plus une vanité, elle étalerait à nos yeux une beauté véritable, quoique d'un ordre inférieur. Mais une fois l'homme tombé et séparé de Dieu, la diversité des créatures périssables , en agissant sur ses sens, l'a comme divisé; ses désirs se sont multipliés au milieu d'une variété sans consistance, et en poursuivant alternativement des objets divers sans en conserver aucun, il ne possède qu'une abondance laborieuse, et s'il est permis de le dire, une riche indigence. Ainsi « le froment, le vin et l'huile se sont multipliés par lui et il n'a point trouvé ce qu'il cherchait2. » C'est-à-dire, il n'a point découvert la nature unique et immuable, qu'on poursuit sans s'égarer, et qu'on possède sans regret. Car comme conséquence le corps lui-même sera aussi délivré et ne sera plus sujet à la corruption3. Aujourd'hui « il se corrompt, appesantit l'âme et cette maison de boue écrase l'esprit livré à de nombreuses pensées4; » c'est que l'infime beauté des corps est entraînée dans le mouvement universel. Elle est la dernière beauté parce qu'elle ne peut avoir tous ses traits à la fois : mais tandis qu'ils disparaissent et sont remplacés, une seule beauté se forme de tous les êtres corporels.
