CHAPITRE XX. LE CHRIST EST LA SAGESSE MÊME DE DIEU.
22. Gardons-nous également de ceux qui avancent que la sagesse éternelle a inspiré l'homme né d'une Vierge, comme elle inspire tous ceux qui, dociles à ses leçons, finissent par devenir parfaitement sages. Ils ne comprennent pas le cachet propre de cet homme; ils se figurent qu'il n'a d'autre avantage sur les bienheureux que d'être né d'une Vierge. Si toutefois ils apportaient un peu plus de réflexion, peut-être finiraient-ils par croire que Jésus-Christ a mérité cette faveur, entre tous, parce que ce privilège même comporte une supériorité. Eh 1 n'y a-t-il pas une grande différence entre être sage par la sagesse de Dieu, et être soi-même la sagesse de Dieu incarnée? Bien que le corps de l'Eglise soit un dans sa constitution, cependant, qui ne comprend qu'il y a une grande différence entre la tête et les membres? Si la tête de l'Eglise est Celui par l'incarnation duquel « le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous », les autres membres comprennent tous les saints qui composent et remplisse l'Eglise. L'âme anime et vivifie tout notre corps ; mais c'est dans la tête seulement qu'elle a conscience tout à la fois de la vie, de l'ouïe, de l'odorat, du goût et du toucher ; dans les autres membres elle n'exerce que le toucher; aussi est-ce la tête qui les dirige tous pour l'action, et la tête est placée au-dessus d'eux comme en sentinelle, parce qu'elle représente pour ainsi dire l'âme (53) elle-même, qui est la sentinelle du corps; c'est dans la tête que sont réunis tous les selfs. De la même manière tout le peuple des saints, comme un seul corps, a pour tête le Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ fait homme1. En conséquence, la Sagesse de Dieu, le Verbe par qui, dans le principe, tout a été fait, ne s'est pas communiquée à Jésus-Christ fait homme, de la même façon qu'aux autres saints, mais c'est à un degré infiniment plus élevé et plus sublime; lui seul devait être choisi pour que la Sagesse suprême se manifestât par lui aux autres hommes, de la manière qu'il lui convenait de se montrer sous des signes visibles. Aussi tous les hommes dans le présent, le passé et l'avenir, ne sauraient être sages comme le Médiateur divin, Jésus-Christ fait homme, car il ne possède pas seulement, à titre de bienfait;la sagesse même par qui tout homme acquiert la sagesse, mais encore il est en personne cette même sagesse. Quant aux âmes sages et spirituelles, on peut dire avec raison qu'elles portent en elle le Verbe de Dieu «par qui tout a été fait »; mais d'aucune d'elles on ne saurait dire qu'en elle « le Verbe s'est fait chair et a habité parmi nous ». Cette parole ne convient qu'à Notre-Seigneur Jésus-Christ.
I Timoth. II, 5. ↩
