VI.
Chacun. s’occupait à augmenter son patrimoine; peu soucieux de ce qu’on faisait au temps des apôtres et de ce qu’on devrait faire toujours, les chrétiens couraient avec une ardeur infatigable après les biens de la terre. Plus de zèle dans le sacerdoce, plus de fidélité dans les ministres des autels, plus de charité dans les oeuvres, plus de règle dans les moeurs. Les hommes teignaient leur barbe; les femmes fardaient leur visage. On couvrait de couleurs étrangères ses yeux et sa chevelure, et par là on dénaturait l’oeuvre de Dieu. Que de fraudes pour tromper les âmes simples! que d’inventions pour entraîner ses frères dans le piège ! On s’alliait, par le mariage, avec des infidèles: on prostituait à des idolâtres les membres du Christ. (61)
Non-seulement on faisait. des serments téméraires, mais encore on les trahissait. Mépriser ses supérieurs, prononcer des malédictions contre soi-même, nourrir contre ses frères des haines opiniâtres, était chose commune. Que dis-je? beaucoup d’évêques qui devaient à leur peuple la double leçon de la parole et de l’exemple, négligeaient l’administration de leurs églises pour administrer les biens de la terre ; ils quittaient leurs chaires et leurs troupeaux, parcouraient des provinces étrangères et couraient de marché en marché pour se livrer à un trafic illicite; insensibles aux besoins des pauvres, ils voulaient de l’argent en abondance; ils augmentaient leurs fonds par l’adresse et la fraude; ils multipliaient leur capital par l’usure.
4° Quel châtiment n’avions-nous pas mérité par de telles fautes? Écoutez l’Écriture : S’ils abandonnent ma loi, s’ils cessent de marcher selon mes préceptes, s’ils n’observent pas mes commandements et foulent aux pieds les moyens de justification que je leur présente, je châtierai leurs crimes avec la verge et je leur enverrai des fléaux pour punir leurs forfaits (Ps. LXXXVIII).
