CHAPITRE XIV. L’ÂME EST SOUTENUE PAR LA FOI ET L’ESPÉRANCE.
15. Et moi-même je m’écrie souvent: Où êtes-vous, mon Dieu, où êtes-vous? Et je respire quelques instants en vous, quand mon âme répand hors d’elle-même l’effusion de son allégresse et de vos louanges (Ps. XLI, 5). Mais elle demeure triste, parce qu’elle retombe et devient abîme, ou plutôt elle sent qu’elle est abîme encore. Et, ce flambeau dont vous éclairez mes pas dans la nuit, la foi me dit: « Pourquoi es-tu triste, ô mon âme, et pourquoi me (505) troubles-tu? Espère dans le Seigneur (Ps. XLII, 5, 6).» Son Verbe est la lampe qui luit sur ton chemin (Ps. CXVIII, 105). Espère et persévère, jusqu’à ce que la nuit, mère des impies, soit passée, et avec elle la colère du Seigneur; colère dont nous fûmes enfants nous-mêmes, alors que nous étions ténèbres. Et nous traînons la fin de notre nuit en ce corps que le péché a fait mourir ( Rom. VIII, 10), dans l’attente de l’aube qui dissipera toutes les ombres (Cant. II, 17).
Espère dans le Seigneur. Au lever de ce jour, je serai debout pour le contempler, et j’en publierai à jamais la splendeur. Au matin de l’éternité je serai debout, et je verrai le Dieu de mon salut ( Ps. V, 5 ; XLII, 5); celui qui vivifiera nos corps mortels par l’Esprit, cet hôte intérieur ( Rom. VIII, 11), porté dans sa miséricorde sur le flot de nos ténèbres; celui de qui nous avons reçu dans l’exil de cette vie le gage d’être à l’avenir lumière; qui nous sauve dès ici-bas par l’espérance, et de ténèbres que nous étions, nous transforme en fils de jour et de lumière ( II Cor. I, 22 ; Ephés. V, 8 ; Rom. VIII, 24 ; I Thess. V, 5). Seul en ce sombre crépuscule de la connaissance humaine, vous pouvez distinguer les coeurs et les éprouver, pour appeler la lumière jour, et les ténèbres nuit ( Gen. I, 5). Eh! quel autre que vous peut faire ce discernement des âmes? Qu’avons-nous, que nous n’ayons reçu de vous ( I. Cor. IV, 7)? Ne sommes-nous pas une même argile dont vous formez ici des vases d’honneur, là des vases d’ignominie ( Rom. IX, 21)?
