CHAPITRE XXXI. LE FIDÈLE VOIT PAR L’ESPRIT DE DIEU, ET DIEU VOIT EN LUI QUE SES OEUVRES SONT BONNES.
46. Mais nous, qui les voyons par votre Esprit, les voyons-nous? et n’est-ce pas plutôt vous-même qui les voyez en nous? Si donc nous les voyons bonnes, c’est vous qui les voyez bonnes. Dans tout ce qui nous plaît à cause de vous, c’est vous qui nous plaisez; et tout ce qui nous plaît par votre Esprit, vous plaît en nous. « Quel homme, en effet, connaît ce qui est de l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui? Et l’Esprit de Dieu connaît seul ce qui est de Dieu. Aussi, dit l’Apôtre, nous n’avons pas reçu l’esprit, du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin de connaître les dons de Dieu ( I Cor. II, 11, 12).» Et cette parole m’autorise, et je dis : Non, personne ne sait ce qui est de Dieu, que l’Esprit de Dieu.
Comment savons-nous donc nous-mêmes ce que Dieu nous a donné? Mais j’entends la réponse: si nous ne le savons que par son Esprit, qui le sait, sinon le seul Esprit de Dieu? Il est dit en vérité à ceux qui parlent par l’Esprit de Dieu: « Ce n’est pas vous qui parlez ( Matth. X, 20); » et l’on peut dire en vérité à ceux qui connaissent par l’Esprit de Dieu: Ce n’est pas vous qui connaissez; et l’on peut encore dire en vérité à ceux qui voient par l’Esprit de Dieu: « Ce n’est pas vous qui voyez. » Ainsi, quand nous voyons par l’Esprit de Dieu qu’une chose est bonne, ce n’est pas nous, c’est Dieu qui la voit bonne.
Et l’un tient pour mauvais ce qui est bon, suivant la doctrine de ces insensés; et l’autre en reconnaît la bonté, mais il est de ceux qui ne savent point vous aimer dans vos créatures, dont ils préfèrent la jouissance à la vôtre. Celui-ci juge bonne l’oeuvre bonne; et est Dieu même qui voit en lui; et il aime Dieu dans son oeuvre, amour qui ne saurait naître sans le don de l’Esprit: « car l’amour se répand. Dans nos coeurs par l’Esprit saint qui nous est donné ( Rom. V, 5): » Esprit par qui nous voyons que tout être, quel qu’il soit, est bon, parce qu’il procède de Celui qui n’est pas seulement un être, mais l’Etre lui-même.
