CHAPITRE XVIII. LES JUSTES PEUVENT ÊTRE COMPARÉS AUX ASTRES ( Gen. I, 14).
22. Oui, Seigneur, oui, je vous en supplie, vous dont l’influence répand dans les âmes une sève de joie et de force, Seigneur, que la vérité sorte de la terre, que la justice abaisse ses regards du haut du ciel (Ps. LXXXIV, 12); et « que des astres « nouveaux étincellent dans le firmament! » Partageons notre pain avec celui qui a faim; recevons sous notre toit le pauvre qui n’a point de gîte; couvrons celui qui est nu; et ne méprisons pas les concitoyens de notre boue.
Dès que notre terre aura produit ces fruits, (507) voyez, dites : « Cela est bon; » et que notre lumière « jette son éclat en son temps ( Is. LVIII, 7, 8); » que cette première végétation de bonnes oeuvres nous élève aux contemplations délicieuses du Verbe de vie, et que nous apparaissions alors dans le monde comme des constellations attachées au firmament de votre Ecriture.
C’est là que, conversant avec nous, vous nous enseignez le discernement des choses de l’esprit et des choses des sens; comme celui du jour et de la nuit, ou des âmes spirituelles et des âmes asservies aux sens, afin que vous ne soyez plus seul à faire, dans le secret de votre connaissance, comme avant la création du firmament, la division de la lumière et des ténèbres; mais que les enfants de votre esprit, placés à leur firmament, dans un ordre qui révèle l’infusion présente de votre grâce, brillent au-dessus de la terre, signalent la division du jour et de la nuit, et annoncent la révolution des temps: car « l’antique institution est passée, et la nouvelle se lève ( I Cor. V, 17), et notre salut est plus près de nous que lorsque nous avons commencé de croire; la nuit a précédé, et le jour arrive ( Rom. XIII, 11); et vous couronnerez l’année de votre bénédiction ( LXIV, 2), quand vous enverrez des ouvriers dans votre moisson ( Matth. IX, 38) ensemencée par d’autres mains ( Jean IV, 38); » quand vous enverrez de nouveaux ouvriers à de nouvelles semailles, dont la moisson ne se fera qu’à la fin ( Matth. XIII, 39). Ainsi, vous accomplissez les voeux du juste, et vous bénissez ses années; mais vous, vous êtes toujours le même, et vous recueillez, au grenier de vos années sans fin ( Ps. CI, 28), nos années passagères; car votre conseil éternel verse sur la terre, aux saisons marquées, les biens célestes.
23. L’un reçoit, par l’Esprit, la parole de sagesse, astre de lumière, qui plaît aux amis de la vérité, comme l’aurore du jour; à l’autre, vous donnez, par le même Esprit, la parole de science, astre inférieur; à celui-ci, la foi; à celui-là, la puissance de guérir; à l’un, le don des miracles; à l’autre, le discernement des esprits; à l’autre, le don des langues. Et toutes ces grâces sont comme autant de constellations, ouvrage d’un seul et même Esprit, qui distribue ses dons à chacun comme il lui plaît, et fait répandre à ces étoiles des irradiations salutaires ( I Cor. XII, 7, 11).
La parole de science renferme les mystères sacrés, signes célestes, qui, selon les temps, ont eu leurs phases, commue la lune; mais cette parole, et les autres dons spirituels, que j’assimile aux étoiles, ne sont, en comparaison des splendeurs de cette sagesse, que les premières heures de la nuit. Toutefois ils sont nécessaires à ceux en qui la chair n’est pas encore absorbée par l’esprit ( I Cor. III, 1), et que votre grand serviteur ne peut entretenir dans la langue de sagesse qu’il parlait avec les parfaits ( Ibid. II, 6).
Mais que l’enfant, dans le Christ, cet enfant que nourrit la mamelle, en attendant qu’il soit capable d’un aliment plus solide, et que ses yeux puissent soutenir le rayon du soleil, que l’homme animal ne se croie pas abandonné dans une nuit ténébreuse, mais qu’il se contente de la clarté de la lune et des étoiles. C’est ainsi, ô sagesse infinie ! que vous conversez avec nous dans le firmament de vos Ecritures, pour nous élever à la contemplation admirable qui sait distinguer toutes choses, quoique nous soyons encore enfermés dans le cercle des augures, des temps, des années et des jours.
