CHAPITRE XXV. LES FRUITS DE LA TERRE FIGURENT LES ŒUVRES DE PIÉTÉ ( Gen. I, 29).
38. Seigneur mon Dieu, je veux encore dire les pensées que la suite de vos paroles m’inspire, et je les dirai sans crainte. Je dirai la vérité; c’est au souffle de votre volonté que je parle. Et je ne puis croire que jamais la vérité sorte de mes lèvres que par votre inspiration, car vous êtes la vérité même ( Jean XIV, 6); tout homme est menteur ( Ps. CXV, 11) et celui dont la parole est mensonge parle de son propre fonds ( Jean VIII, 44). Moi, je veux dire la vérité, je ne parlerai donc que par vous.
Vous nous avez donné « pour nourriture toutes les plantes séminales répandues sur la terre, et tous les fruits qui recèlent en eux-mêmes leur semence reproductive;» et ce n’est pas à nous seuls que vous les avez donnés, mais encore aux oiseaux du ciel, aux animaux terrestres et aux serpents. Ils n’ont point été donnés aux poissons et aux géants de l’abîme.
Je disais donc que ces fruits de la terre sont la figure allégorique des oeuvres de miséricorde qui sortent du sol fertile de l’âme pour (513) soulager les misères de la vie. Le pieux Onésiphore était une de ces charitables terres, et vous fîtes miséricorde à toute sa maison, parce qu’il assista souvent votre serviteur Paul, et ne rougit jamais de ses chaînes (II Tim. I, 16). Tels étaient les frères qui se couvrirent des mêmes fruits, en lui apportant de Macédoine de quoi fournir à sa détresse ( II Cor. XI, 9). Et avec quelle douleur il déplore la stérilité des arbres qui ne lui donnèrent point le fruit qu’ils lui devaient! « Au temps de ma première défense, personne ne me vint en aide, mais tous m’abandonnèrent. Dieu leur pardonne II Tim. IV, 16) !» Des secours ne sont-ils pas bien dus aux maîtres spirituels qui initient notre raison à l’intelligence des saints mystères? Ces secours sont les fruits que la terre doit à l’homme; ils leur sont dus comme âme vivante qui anime la sève reproductive de leurs vertus; ils leur sont dus comme oiseaux célestes, dont la voix s’est répandue aux extrémités de la terre ( Ps. XVIII, 5) pour l’ensemencer de bénédictions.
