CHAPITRE XXII. VIE DE L’ÂME RENOUVELÉE ( Gen. I, 26).
32. Oui, Seigneur, mon Dieu et mon Créateur, quand nos affections seront dégagées de l’amour du siècle, et de cette vie de péché, qui nous faisait mourir; quand notre âme commencera de vivre de la vraie vie, docile à la parole que vous avez fait entendre par la bouche de l’Apôtre : « Ne vous conformez pas au siècle; » alors doit s’accomplir le précepte qui suit aussitôt : « Mais réformez:vous en renouvellement de l’esprit ( Rom. XII, 2). » Et il ne s’agit plus de se produire « suivant son espèce, » d’imiter ses prédécesseurs, et de régler sa vie sur l’autorité d’un homme plus parfait. Non: car vous n’avez pas dit : Que l’homme soit fait selon son espèce, mais : « Faisons l’homme à notre image et ressemblance ( Gen. I, 26), » afin que nous aussi nous ayons la faculté de reconnaître quelle est votre volonté. C’est pourquoi le grand dispensateur de vos mystères, père de tant de fils, selon l’Evangile ( I Cor. IV, 15) ne voulant pas toujours avoir des enfants à la mamelle, nourrissons à porter dans ses bras ( I Thess. II, 7), s’écrie: «Réformez-vous en renouvellement d’esprit, pour reconnaître la volonté de Dieu, pour savoir ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait ( Rom. XII, 2) ».
Aussi, ne dites-vous pas : Que l’homme soit fait, mais: « Faisons l’homme; » et non : selon son espèce, mais : « à notre image et ressemblance.» Renouvelé spirituellement, et voyant votre vérité des yeux de l’intelligence, il n’a plus besoin d’un maître, d’un modèle de son espèce. C’est de vous, et c’est en vous qu’il connaît votre volonté; ce qui est bon, ce qui vous plaît. Et vous lui donnez la puissance de contempler la Trinité de votre Unité, et l’Unité de votre Trinité. Aussi, vous dites d’abord au pluriel : « Faisons l’homme; » puis vous ajoutez: « Et Dieu fit l’homme. »Vous dites: « A notre image; » et vous ajoutez : « A l’image de Dieu. » Ainsi, l’homme est renouvelé dans la connaissance de Dieu, « selon l’image de Celui qui l’a créé ( Gen. I, 27 ; Coloss. III, 10), » — « et transformé en esprit, il juge de tout ce qu’il doit juger, et n’est jugé de personne. »
