CHAPITRE XXX. RÊVERIES MANICHÉENNES.
45. J’entends, mon Dieu ; votre vérité a laissé tomber sur mon âme une goutte de douceur infinie; et j’ai compris qu’il est des hommes à qui vos oeuvres déplaisent. Ils disent que la nécessité en a tiré plusieurs de vos mains, comme la mécanique des cieux et la disposition des astres, dont l’être émane, non de votre puissance créatrice, mais d’une matière préexistante, procédant d’ailleurs, et que vous avez rassemblée, resserrée, reliée, pour en bâtir ces remparts du monde, trophée de votre victoire sur vos ennemis, forteresse élevée contre toute révolte à venir.
Ils prétendent encore qu’il en est d’autres qui ne vous doivent ni leur être, ni leur composition, comme les corps de chair, les insectes, et tout ce qui tient à la terre par racines: ils y voient l’ouvrage d’une puissance ennemie, esprit que vous n’avez point créé, nature malfaisante en lutte contre vous, qui produit et qui forme tous ces êtres dans les plus passes régions de ce monde. Insensés! ils ne parlent ainsi que faute de voir vos oeuvres par votre Esprit, et de vous reconnaître dans vos oeuvres.
