16.
Je l'espère de la bonté divine, cet écrit inspiré par la piété, lu par les hommes vertueux, ne sera pas exclusivement dirigé contre une seule erreur; mais il attaquera à la fois toutes les fausses doctrines, toutes les opinions dangereuses. Il est néanmoins destiné avant tout à réfuter ceux qui prétendent que deux natures ou deux substances, issues chacune d'un principe opposé, sont en lutte continuelle. Le monde leur a présenté des œuvres qu'ils approuvent, d'autres qu'ils condamnent; ils attribuent à Dieu tout ce qui est bien et rien de ce qui leur paraît condamnable. Et comme ils ne peuvent renoncer à leurs coupables habitudes, retenus qu'ils sont par les liens de la volupté, ils prétendent que deux âmes habitent le même corps : l'une de Dieu, conforme dans sa nature à celle de son auteur; l'autre, de la puissance des ténèbres. Dieu ne l'a point engendrée, ni créée, ni produite à la lumière, ni rejetée. Elle avait une vie propre, une terre, des productions, des animaux, un empire enfin et un principe inné. Cette âme se révolta contre Dieu, et dans l'impuissance de créer rien autre chose, et de résister autrement à cet ennemi , Dieu fut contraint d'envoyer près d'elle l'âme bonne, et une portion de sa propre substance. Ce mélange, d'après les rêveries de ces insensés, calma l'ennemi et servit à la formation du monde.
