LXXIV.
« Soyez donc soumis par nécessité 1. » Ces paroles nous font comprendre que la vie présente nous impose la nécessité de nous soumettre et de ne point résister à ceux qui exigent de nous, autant qu'ils en ont reçu le pouvoir, une partie de nos biens temporels. Ces biens sont passagers; ainsi notre soumissionne s'exercera point dans le domaine des choses qui doivent durer toujours, mais uniquement dans celui des biens nécessaires à la vie présente. Cependant après avoir dit : « Soyez soumis par nécessité, » l'Apôtre craint qu'on n'obéisse pas de bon coeur et avec un amour sincère à ces sortes de puissances ; aussi ajoute-t-il: « Non-seulement par crainte de la colère, mais encore par conscience. » Ce n'est pas assez, suivant lui, d'éviter le châtiment : la dissimulation y suffirait peut-être : il faut que dans ta conscience tu sois assuré d'agir avec affection pour celui à qui tu te soumets par l'ordre du Seigneur, lequel « veut que tous les hommes soient sauvés, et viennent à la connaissance de la vérité 2. » C'est en parlant de ces mêmes puissances que saint Paul enseigne cette dernière maxime. Ailleurs il exhorte pareillement les serviteurs à obéir, non sous l’oeil du maître, « comme pour plaire aux hommes 3 : » il ne veut pas que la soumission à leurs maîtres soit pour les serviteurs un motif de les haïr, ou de chercher à gagner leurs bonnes grâces par la fourberie.
