29.
Nous lisons dans la Genèse que quand l'homme aperçut la femme qui avait été tirée de son côté, il s'écria : « Voici l'os de mes os, et la chair de ma chair ». Notre adversaire raisonne ainsi sur ce texte : « Adam aurait dû dire : Voici l'âme de mon âme, ou l'esprit de mon esprit, s'il était vrai que l'âme et l'esprit eussent été tirés de lui, aussi bien que le corps ». D'un autre côté, ceux qui soutiennent la transmission des âmes, invoquent en leur faveur ces mêmes paroles de la Genèse, en faisant remarquer que, après avoir tiré une côte du flanc de l'homme et en avoir formé la femme, il n'est pas dit que Dieu inspira sur sa face le souffle de vie; d'oie ils concluent que ce corps était déjà doué d'une âme. S'il en eût été autrement, continuent-ils, est-ce que la sainte Ecriture aurait omis de nous en parler? Quant à ces mots: « Voici l'os de mes os et la chair de ma chair » ; si le premier homme ne dit pas Voici l'âme de mon âme ou l'esprit de mon esprit, c'est, ajoutent-ils, parce que Adam parlait en figure et prenait la partie pour le tout, l'os et la chair pour la personne tout entière, d'autant plus que cette chair n'avait pas été tirée morte du premier homme, mais dans un état de vie parfaite. Je sais qu'un homme essaierait en vain de couper dans un corps l'âme avec la chair qu'il enlève; mais Dieu n'est-il pas tout-puissant? Et puis, nous entendons Adam s'écrier de nouveau : « Elle sera appelée femme parce qu'elle a été tirée de l'homme1 » ; pour favoriser l'opinion de nos adversaires il aurait dû dire : Parce que sa chair a été tirée de l'homme. Mais parce qu'il est écrit que c'est la femme même, et non pas seulement la chair, qui a été tirée de l'homme, c'est donc de la femme tout entière qu'il est parlé, c'est-à-dire de son corps et de son âme. Il est vrai que l'âme est indépendante du sexe; cependant, quand on parle des femmes, on ne fait pas nécessairement abstraction de leur âme. Autrement, que signifieraient ces règles que l'Apôtre trace aux femmes sur leur manière de prier : « Non avec des cheveux frisés, ni des ornements d'or, ni des perles, ni des vêtements somptueux, mais avec de bonnes oeuvres, comme doivent le faire des femmes qui font profession de piété2 ? » La piété réside avant tout dans l'âme ou dans l'esprit, et cependant, les personnes auxquelles l'Apôtre s'adresse sont désignées par le nom de leur sexe; il leur ordonne même de s'orner intérieurement, c'est-à-dire là où il n'y a aucune distinction de sexe.
