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De même, comment sait-il que ces paroles : « Dieu donne le souffle au peuple qui est sur la terre et l'esprit à ceux qui la foulent aux pieds », ne sont que la répétition de la même pensée sous deux formes différentes? Est-il bien sûr qu'il n'y est question que de l'âme humaine et nullement du Saint-Esprit? Si le souffle ne pouvait désigner,le Saint-Esprit, le Seigneur après sa résurrection aurait-il affecté de souffler sur ses disciples en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit1 ? » Lirions-nous également dans les Actes des Apôtres : « Il se fit un grand bruit du ciel, comme un souffle violent, et il leur apparut comme des langues de feu qui vinrent se reposer sur chacun d'eux, et tous furent remplis du Saint-Esprit2? » Et si c'était cet événement qu'annonçait le Prophète, quand il disait : « C'est Dieu qui donne le souffle à son peuple de la terre ? » Et si c'était uniquement pour mieux faire comprendre sa pensée; qu'il l'a répétée en ces termes : « Et l'esprit à ceux qui la foulent aux pieds? » Du moins est-il évident que c'est là ce qui s'est réalisé, quand tous eurent été remplis du Saint-Esprit. Dira-t-il qu'on ne peut donner le nom de peuple à cent vingt personnes qui se trouvaient alors réunies dans un, seul lieu? Du moins, lorsque quatre ou cinq mille hommes se trouvèrent réunis dans la même foi, furent baptisés et reçurent le Saint-Esprit3, hésitera-t-on à dire que le peuple, cette multitude qui était sur la terre, ces hommes qui foulaient la terre sous leurs pieds, reçurent le Saint-Esprit? Quant à cet esprit qui est une partie constitutive de la nature humaine, qu'il nous soit donné par voie de génération ou par l'effet direct d'un souffle nouveau et spécial (car pour me prononcer sur ce point, j'attends de nouvelles lumières), il est certain que ce n'est pas quand ils foulent la terre de leurs pieds que les hommes reçoivent cet esprit, mais quand ils sont encore renfermés dans le sein maternel. Dieu, dès lors, donna le souffle à son peuple de la terre et l'esprit à ceux qui la foulaient aux pieds, lorsque tous ces nouveaux convertis reçurent en même temps le Saint-Esprit. Pour donner cet Esprit, Dieu n'exige pas d'ailleurs que tout son peuple soit réuni; il le donne à chaque homme en son temps, et il agira ainsi jusqu'au moment où ce peuple, après avoir quitté cette vie pour entrer dans une vie nouvelle, complétera au ciel le nombre des enfants de Dieu. Dans ce sens donc nous ne distinguons pas le souffle de l'esprit, nous ne voyons dans le texte qu'une simple répétition de la même pensée. C'est ainsi que nous ne distinguons pas celui qui habite dans le ciel, du Seigneur lui-même ; nous prenons dans le même sens le rire et la raillerie, tels que nous les trouvons dans le psaume : « Celui qui habite dans le ciel se rira d'eux, et le Seigneur les tournera en dérision4 » ; ces autres paroles du même Prophète ne sont également qu'une répétition : « Je vous donnerai les nations pour votre héritage, et jusqu'aux confins de la terre pour votre empire5 ». Héritage et empire ne sont qu'une seule et même chose; nations et confins de la terre expriment la même idée; ce ne sont là que des répétitions. En lisant attentivement les saintes Ecritures, on y trouverait une multitude de locutions du même genre.
