V. 2
« Tout arrive également au juste et à l'injuste, au bon et au méchant, au pur et à l'impur, à celui qui immole des victimes et à celui qui méprise les sacrifices. L'innocent est traité comme le pécheur, et le parjure comme celui qui jure dans la vérité et avec respect. » Il faut entendre ceci de plusieurs choses indifférentes qui tiennent le milieu entre le bien et le mal, et que les sages du monde appellent moyennes parce qu'elles ne sont ni bonnes ni mauvaises par elles-mêmes. Elles arrivent donc également aux justes et aux méchants, et ces événements ont coutume de troubler l'esprit des personnes simples, qui croient qu'il ne doit point y avoir de jugement, parce que tout est confondu dans ce monde, ne faisant point attention à la séparation et au discernement des uns et des autres, qui sont réservés pour l'avenir. Quand l'Ecclésiaste dit donc que « tout arrive également au juste et à l'injuste,» on doit entendre cela des afflictions de cette vie, des maladies et de la mort, qui sont communes à tous les hommes, aux bons comme aux méchants. Cette égalité d'événements empêche que les hommes puissent discerner les effets de l'amour ou de la haine de Dieu en eux-mêmes. Au reste, ce qui est dit de ceux qui immolent des victimes et de ceux qui méprisent les sacrifices se doit prendre dans un sens spirituel et par rapport à cet endroit d'un psaume : « Un cœur brisé de contrition est un sacrifice digne de Dieu.»
