V. 17
« Les paroles des sages s'entendent dans le repos plus que les cris du prince parmi les insensés.» Tout ceux que vous verrez faire le métier de déclamateur clans l'Église, et affecter dans leurs discours la galanterie et la délicatesse du langage pour s'attirer les applaudissements de l'auditeur, ou pour le divertir et le faire rire, ne faites pas difficulté de les regarder comme des insensés; car ces manières sont une marque que ce sont des insensés qui parlent à d'autres insensés. Les paroles donc des sages s'entendent dans le repos et avec peu de bruit, au lieu que les hommes imprudents et sans jugement, quoique d'ailleurs distingués parleur autorité et leur puissance, élèvent bien haut la voix et se plaisent aux cris excessifs d'un peuple qui leur applaudit, ce qui leur attire justement la réputation d'hommes insensés et ridicules.
« La sagesse vaut mieux que les armes des gens de guerre, et un seul qui pèche fera perdre de grands biens. » Il préfère encore en cet endroit la sagesse à la force, et il dit qu'elle vaut mieux dans le combat que les armes de ceux qui combattent ; que s'il se trouve un seul insensé, quoique ce soit un homme peu considérable, un homme de rien, il ne laissera pas d'être souvent cause qu'on perdra de grands trésors et de grandes richesses. Mais, comme nous pouvons lire selon l'hébreu : « Et celui qui commet un péché perd beaucoup de biens, nous devons encore prendre ces paroles dans ce sens. Celui qui tombe dans un seul péché perd quantité de saintes actions et d'oeuvres de justice qu'il avait faites auparavant et depuis longtemps; car les vertus ont une si grande connexité et une telle dépendance les unes des autres qu'on ne peut en posséder une sans posséder toutes les autres, de même qu'on ne peut être esclave d'un seul vice et d'un péché sans être assujetti à tous les autres. Et virtutes se invicem sequi, qui unam hahuerit, habere omnes. Et qui in uno peccaverit, eum omnibus vitiis subjacere.
