V. 4
« J'ai aussi considéré tous les travaux des hommes et le mérite de leurs actions, et j'ai reconnu que les hommes sont exposés à l'envie de leurs semblables ; et certainement cela même est une grande vanité et une affliction d'esprit. » . J'ai porté encore ailleurs mon esprit, et j'ai considéré les actions vertueuses et la réputation du mérite de ceux qui travaillent dans ce monde, et j'ai reconnu que l'honneur et la gloire des uns fait la peine et la misère des autres; car les envieux sont déchirés et tourmentés de la félicité des bons, et ceux qui se sont acquis de la réputation par leur mérite sont exposés aux piéges de leurs envieux. Mais est-il rien de plus vain, de plus inconstant et qui sente plus le néant que de voir les hommes dans cette situation où, au lieu de gémir de leurs misères et de pleurer leurs propres péchés, ils s'abandonnent à une lâche envie qui leur fait haïr le mérite de leurs frères? Quid enim vanius, quid instabilius et sic nihili, quam homines non suas flere miserias, vel propria lugere peccata, sed melioribus invidere?
