V. 7 et 8.
«Après avoir jeté la vue sur toutes choses, j'ai trouvé encore une autre vanité sous le soleil : tel est seul et n'a personne avec lui, ni enfant, ni frère, qui néanmoins travaille sans cesse; ses yeux ne voient jamais assez de richesses, et il ne lui vient point dans l'esprit de se dire à lui-même : «Pour qui est-ce que je travaille, et pourquoi me priver moi-même de l'usage de mes biens? » C'est là encore une vanité et une affliction très malheureuses.» J'ai encore tourné les yeux d'un autre côté, et j'ai remarqué des gens qui se donnent bien des peines et des soins superflus : ils amassent des richesses par toutes sortes de voies justes et injustes, sans qu'ils aient l'esprit de se servir des biens qu'ils ont amassés. Ils possèdent tout ce qu'on peut posséder; ils couvent leurs trésors; ils ont toujours les yeux dessus pour les garder, et ne savent pour qui ils les conservent avec un si grand soin; ils n'ont jamais la satisfaction de jouir eux-mêmes de leurs travaux, car ils n'ont ni enfants, ni frères, ni proches parents, afin de pouvoir dire qu'ils ont eu de justes motifs pour mettre en réserve les richesses qu'ils ont acquises. Je n'ai donc point remarqué de plus grande vanité ni de plus grande misère que celles d'un homme qui amasse des biens et des trésors, et qui ne tonnait pas ceux à qui il doit les laisser.
Quelques interprètes attribuent à notre Sauveur les paroles suivantes : « Il y en a un seul et qui n'a pas de second;» parce qu'il est descendu du ciel pour sauver seul le monde; et quoiqu'il y ait une infinité d'enfants de Dieu qui sont ses frères adoptifs, il ne s'est pourtant associé personne pour travailler avec lui. Ses travaux sont immenses, ayant pris sur luimême les peines dues à nos péchés et à nos crimes, et n'ayant jamais cessé de travailler et d'être affligé pour l'expiation de nos iniquités, animé qu'il était d'un désir ardent de notre salut. Ce qu'il y a encore de plus admirable dans sa conduite est que, plus nous péchons contre lui, plus nous exhorte-t-il à nous convertir et à faire pénitence.
