V. 5
« Que la légèreté de votre bouche ne soit pas à votre chair une occasion de tomber dans le péché, et ne dites pas devant l'Ange: « On ne connaît point ce qui se passe », de peur que Dieu, étant irrité par vos paroles, ne détruise tous les ouvrages de vos mains.» Voici ce que mon Hébreu pensait sur ces paroles. Ne promettez point ce que vous ne pouvez pas accomplir, car le vent n'emporte point vos paroles; mais l'ange gardien, qui est présent et que Dieu a donné à chacun de nous pour nous accompagner, porte aussitôt devant Dieu tout ce que vous dites; et vous, qui prétendez que Dieu n'a pas entendu les promesses que Nous lui avez faites, vous excitez sa colère et l'obligez par votre conduite à dissiper et détruire toutes vos entreprises et toutes vos actions. Cela est bien pensé, mais il n'a pas fait assez d'attention quand il a expliqué ces paroles « pour l'aire tomber votre chair dans le péché,» parce qu'il a cru que l'Ecclésiaste avait dit « N'abusez point de votre bouche, pour ne point pécher. »
Pour moi, je trouve un autre sens dans ce verset, et je ne doute point que l'Ecclésiaste n'y condamne ceux qui se plaignent de la fragilité et des mauvaises inclinations de leur corps, et qui disent qu'ils sont nécessités par la chair à faire ce qu'ils ne voudraient pas, selon ce que dit l'Apôtre : « Je ne fais pas ce que je veux, mais ce que je ne veux pas, etc. » Ne cherchez donc pas, dit Salomon, de vains prétextes et des excuses frivoles pour être une occasion de péché à votre corps, et ne dites pas Ce n'est pas moi qui pèche, mais c'est le péché qui est dans ma chair. Aquila dans sa version a traduit le mot hébreu segaga par : involontaire, et il veut que l'Écriture en cet endroit nous défende de dire devant l'ange que Dieu nous a donné : « Ce que je fais est involontaire;» car en parlant de la sorte vous offensez Dieu et le faites auteur du mal et du péché, ce qui vous attire son indignation et sa colère, et l'oblige d'arracher d'entre vos mains tout le bien que vous pouviez avoir. Et peut-être que si vous avez de ces sentiments, Dieu vous abandonnera à un sens réprouvé qui vous fera faire bien des choses qui ne conviennent pas à un homme raisonnable.
