V. 7 et 8.
« Si vous voyez l'oppression des pauvres, la violence qui règne dans les jugements, et le renversement de la justice dans une province, que cela ne vous étonne pas; car celui qui est élevé en a un autre au-dessus de lui; et il y en a encore d'autres qui sont élevés au-dessus d'eux; et de plus il y a un roi qui commande à tout le pays qui lui est assujetti. » La robe de Jésus-Christ, qui était sans couture et faite d'un même tissu depuis le haut jusqu'en bas, ne put être déchirée par ceux qui le crucifièrent. Un possédé qu'il avait délivré de la servitude du démon fut couvert des habits de ses apôtres, et s'en retourna chez lui parfaitement sain et guéri. Apprenons de là, dans nos traités de l'Ecriture, à ne point déchirer les vêtements de notre Ecclésiaste, à ne point quitter l'ordre et la suite du texte, de peur d'imiter ceux qui ne font qu'entasser des opinions et des divers sentiments les uns sur les autres, comme s'ils voulaient faire à leur gré un vêtement de plusieurs vieilles pièces d'étoffe rapportées et cousues les unes avec les autres. Que nos explications soient donc suivies, et qu'elles ne changent point le sens que nous avons déjà donné aux paroles de l'Ecriture. L'Ecclésiaste a dit auparavant: « Gardez-vous de dire devant votre bon ange », que Dieu ne connaît pas ce qui se passe ici-bas, afin de ne pas irriter sa colère par un tel blasphème. II s'est aussi élevé contre ceux qui nient la Providence et qui ne veulent pas que Dieu se mêle de la conduite des choses humaines; mais comme ce qu'il commandait n'était pas sans difficulté et qu'on pouvait lui objecter: S'il est vrai qu'il y a une Providence, pourquoi les justes sont-ils dans l'oppression, et pourquoi voyons-nous dans tout le monde tant d'injustices et tant d'iniquités, sans que Dieu en prenne aucune vengeance? il répond donc à cette difficulté en disant ici : Si vous voyez le pauvre dans l'oppression et dans la misère, et si vous êtes choqué de ce que les richesses l'emportent sur la justice, n'en soyez pas surpris puisque Dieu, qui est infiniment élevé au-dessus de tout ce qu'il y a de plus grand et de plus puissant, considère toutes ces choses; et quoiqu'il pût dès à présent remédier à tout par ses anges, qu'il a établis sur les grands et sur les juges de la terre, il diffère néanmoins à faire justice ,jusqu'à la fin des siècles, quand il séparera pour jamais les bons des méchants et qu'il rendra à chacun selon ses oeuvres. Il en use à présent comme un laboureur qui souffre pour un temps dans son champ le mélange de l'ivraie avec le froment : le temps de la moisson viendra, et alors on amassera le bon grain pour le conserver, et l'on fera brûler les ivraies et les méchantes herbes.
