6.
Il est des hommes qui regardent comme chose vaine ou dangereuse le mépris de ce monde visible et la nécessité de sanctifier son âme, en la soumettant au joug du Dieu tout-puissant ; il faut les réfuter d'une autre manière, si toutefois on peut leur accorder l'honneur de la discussion. Pour ceux qui jugent cette conduite borine et digne de nos efforts , qu'ils apprennent à connaître Dieu, et cessent de résister à ce Dieu qui a fait accepter aux peuples toutes ces vérités. Ils le feraient s'il y avait en eux quelques ressources pour le bien; et en s'y refusant, ils ne peuvent échapper au reproche de n'écouter que leur orgueil. Qu'ils se soumettent donc à celui qui a accompli ce prodige, et qu'une curiosité insensée, ou l'étalage d'une vaine science ne les empêchent pas de découvrir quelle différence il y a entre les timides opinions de quelques hommes et le salut manifeste ainsi que l'amendement de peuples entiers. Car si ces anciens philosophes, dont ils répètent les noms avec complaisance, venaient à revivre; s'ils voyaient les églises fréquentées et les temples déserts, l'humanité en masse mépriser les biens temporels et périssables pour répondre à la voix qui l'appelle, pour courir à l'espérance de l'éternelle vie, aux biens spirituels et intelligibles, ils diraient sans doute, s'ils étaient dignes de la réputation qu'on leur a faite : Voilà ce que nous n'avons pas osé enseigner aux hommes, et nous avons suivi leurs coutumes plutôt que nous ne les avons amenés à nos croyances et à nos désirs.
