5.
Si ces maximes sont aujourd'hui lues partout et partout entendues avec un respect mêlé de joie ; si, après ces flots de sang répandu, ces immenses bûchers, ces croix innombrables des martyrs, les églises se sont multipliées, comme les fruits d'un arbre fécond , jusqu'au sein des nations barbares; si nul ne s'étonne plus de voir ces milliers de jeunes gens et de vierges qui méprisent le mariage pour une vie chaste et pure; au lieu que Platon, après avoir choisi ce genre de vie, sacrifia ensuite à la nature, dit-on , comme pour expier une faute, tant il était esclave des opinions de son temps; aujourd'hui il serait aussi étrange d'attaquer ce genre de vie qu'il l'eût été autrefois de le défendre; si dans toutes les contrées du monde habitable les mystères chrétiens sont confiés à ceux qui ont fait cette promesse et cet engagement ; si ces idées sont chaque jour lues dans l'église, et publiées par les prêtres; si on se frappe la poitrine en travaillant à y conformer sa conduite; si tel est le nombre de ceux qui entrent dans cette carrière que les hommes de toute condition, qui abandonnent les richesses et les honneurs du siècle pour se consacrer exclusivement au service du Dieu suprême, suffiraient pour remplir les îles jusqu'alors inhabitées et des déserts immenses; si, enfin, dans les villes et les cités, les bourgs et les hameaux, dans les champs mêmes et les habitations isolées , le mépris des biens terrestres et l'attachement au vrai Dieu sont en honneur au point que chaque jour, dans le monde entier, le genre humain répond comme de concert « qu'il élève son coeur vers Dieu1 : » pourquoi rester encore indifférents devant ces infamies d'hier, et chercher les divins oracles dans des entrailles sans vie ? Pourquoi, lorsque nous discutons, avoir sans cesse à la bouche le nom de Platon, plutôt que de remplir nos coeurs de la vérité ?
Canon de la messe. ↩
