18.
Tiens pour manifeste et pour acquis qu'il n'aurait jamais pu y avoir d'erreur dans la religion, si l'âme ne rendait les honneurs divins à l'âme, au corps ou à ses imaginations1, ou à deux de ces objets réunis, ou bien à tous simultanément; car alors se conformant sans détour aux besoins de la société humaine pour le temps de la vie présente, l'homme nourrirait sa pensée des biens éternels, et servirait son Dieu. Si ce Dieu ne demeurait immuable, aucune créature muable ne pourrait subsister. Or l'âme peut changer, non dans l'espace, mais dans le temps; c'est ce que reconnaît chacun d'après ses propres impressions. Tous aussi peuvent remarquer facilement que le corps peut se modifier et dans le temps et dans l'espace. Pour nos imaginations, elles ne sont que des images imprimées par les corps et reçues par nos sens; nous pouvons aisément, dès que nous les avons perçues, les confier à la mémoire, les diviser ou les multiplier, les resserrer ou les étendre, les coordonner ou les confondre, leur faire subir enfin toute autre modification; mais lorsque nous cherchons la vérité, il nous est bien difficile d'éviter leur fâcheuse influence.
I Rétract. ch. 13, n. 2. ↩
