26.
Les âmes ainsi purifiées ne doivent plus craindre le mauvais ange appelé aussi démon. Car lui-même n'est point mauvais comme ange, mais comme perverti par sa volonté propre. Il faut reconnaître en effet que par leur nature les anges peuvent changer, puisque Dieu seul est immuable; mais par leur volonté, en aimant Dieu plus qu'eux-mêmes, ils demeurent en lui fermes et inébranlables, et en lui restant délicieusement et uniquement soumis, ils jouissent de sa majesté. Le mauvais ange au contraire, en s'aimant plus que Dieu, lui a refusé l'obéissance; il s'est enflé d'orgueil, s'est éloigné de l'Etre souverain et il est tombé. Aussi est-il moins qu'il n'était, pour avoir voulu s'attacher à ce qui était moins, en cherchant à s'appuyer sur sa propre puissance plutôt que sur celle de Dieu. Il ne possédait point l'être souverain, mais il était davantage quand il jouissait du souverain Etre, de Dieu seul. Or tout ce qui est moins qu'il n'était est mauvais, non pas en tant qu'être, mais en tant qu'être amoindri, car en tant qu'amoindri il incline vers la mort. Pourquoi s'étonner que l'amoindrissement engendre la pauvreté, et que la pauvreté engendre l'envie qui a donné au démon toute sa perversité ?
