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Il n'eut point recours à la violence, mais uniquement aux sages conseils et aux moyens de persuasion1. Le temps de l'antique servitude était passé; le jour de la liberté avait lui, et l'heure favorable était venue démontrer à l'homme pour son salut, comment Dieu l'avait créé libre. Les miracles révélèrent en lui le Dieu qu'il était et ses souffrances l'homme qu'il s'était uni. Quand il parle en Dieu, il ne connaît pas même sa mère qu'on lui annonce2; et cependant, nous dit l'Evangile, il était dans son enfance soumis à ses parents3. C'est un Dieu quand il prêche sa doctrine; on voit l'homme en lui par la succession des années. Veut-il comme Dieu , changer l'eau en vin, il ajoute : « Femme, retire-toi de moi ; qu'y a-t-il entre toi et moi ? mon heure n'est pas encore venue4. » Et quand cette heure fut venue, quand il dut mourir comme homme, reconnaissant sa mère, du haut de la croix, il la conta au disciple bien-aimé5.
Les peuples avaient le malheur de convoiter les richesses, escorte obligée des plaisirs ; il voulut être pauvre. On se disputait les honneurs, les commandements; il refusa d'être roi. Une postérité charnelle était partout un bien vanté; il méprisa une telle union , une semblable postérité. On repoussait avec orgueil les outrages ; il les endura tous. L'injustice semblait - intolérable ; quelle injustice plus criante que de voir le juste, l'innocent condamné ? La douleur corporelle était abhorrée; il fut flagellé, crucifié. On redoutait la mort; il la subit. La mort la plus ignominieuse Semblait celle de la croix ; il fut crucifié. Tout ce que nous recherchions dans notre vie d'iniquité, il s'en priva pour le rendre méprisable. Tout ce,, que nous voulions éviter en fuyant la vérité, il le souffrit et le foula aux pieds; car on ne saurait commettre aucun péché qu'en recherchant ce qu'il a méprisé ou en voulant fuir ce qu'il a supporté.
