CHAPITRE XXXIV. LA NATURE DU PÉCHÉ.
Le péché, à proprement parler, ne consiste pas à désirer des natures mauvaises, mais à abandonner les meilleures. Nous lisons dans l'Ecriture : « Toute créature de Dieu est bonne1 »; dès lors tout arbre planté par Dieu dans le paradis terrestre était bon. Il suit de là qu'en touchant à l'arbre défendu, le véritable crime de l'homme n'a pas été de désirer une nature mauvaise; s'il a péché, c'est en renonçant à ce qui était meilleur. En effet, le Créateur est au bien plus excellent que ne l'est toute créature sortie de ses mains; ses ordres ne devaient donc pas être violés pour toucher à un fruit défendu, quoique bon; en renonçant à un bien plus excellent, le bien de la créature devenait l'objet de ses désirs, et il y touchait malgré la défense de Dieu même. Aucun arbre mauvais n'avait donc été planté par le Créateur dans le paradis terrestre ; mais ce qui était un bien plus excellent que tous les autres, c'était Dieu lui-même qui défendait de toucher à tel arbre en particulier.
I Tim, IV, 4. ↩
