CHAPITRE XXII. LE MODE SE TROUVE-T-IL EN DIEU DE QUELQUE MANIÈRE.
On ne saurait dire que le mode s'applique à Dieu, dans la crainte qu'on ne lui suppose une fin. Toutefois, ce serait un blasphème de soutenir que Dieu est immodéré dans son être, puisque c'est lui qui est la source du mode sans lequel rien ne pourrait exister. D'un autre côté, on ne peut pas dire que Dieu est modéré, en ce sens du moins qu'il aurait reçu le mode d'un être étranger. Il nous suffit donc de dire qu'il est le mode suprême, en entendant par là qu'il est le souverain bien. En effet, tout mode est un bien en soi; d'où il suit que tout ce qui est modéré, modeste, modifié, mérite nos, éloges. Nous prenons aussi quelquefois le mode dans le sens de fin ou de terme :c'est ainsi que nous disons qu'il n'y a aucun mode, quand il n'y a aucune fin; souvent c'est là un titre d'éloges comme dans ces paroles : « Et son royaume n'aura pas de fin1 ». On pourrait dire également : Son règne n'aura pas de mode, en donnant à ce mot la signification de fin ou de terme; car, dans son sens premier, il exprimerait l'absence complète de règne, puisque ce n'est pas régner que de régner sans mode.
Luc, I, 33. ↩
