II.
Il était venu à Rome pour me voir plutôt que pour ses affaires, et n'avait pas craint, pour l'amour de moi, de quitter sa famille et de laisser des enfants encore tendres et en l'âge où ils sont le plus aimables, lorsqu'ils commencent à prononcer à demi les mots et que le défaut de leur langue donne tant de grâces à tout ce qu'ils disent. Je laisse à penser si je fus ravi d'un bonheur si peu attendu. Je ne pouvais me lasser de l'embrasser, et de lui demander ce qu'il avait fait en mon absence. Mais quand ce premier feu fut passé, après avoir passé quelques jours ensemble et nous être fait l'un à l'autre le récit de nos aventures, nous fûmes d'avis d'aller à Ostie, cité charmante, où les bains de mer pouvaient à la fois rétablir ma santé et offrir d'agréables délassements à mon esprit. Les vacances des vendanges me permettaient de m'éloigner du barreau. La douce température de l'automne avait succédé aux grandes chaleurs de l'été. Arrivés dans cette délicieuse ville, un jour nous allâmes nous promener sur le rivage; on y jouissait d'un air frais qui réveillait les esprits et rendait les membres plus vigoureux ; il y avait un plaisir inexprimable à presser mollement le sable du rivage qui conservait les légères empreintes de nos pas. Cecilius, qui était de notre compagnie, voyant une idole de Sérapis, la salua en passant en baisant sa main selon l'usage du vulgaire superstitieux.
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