XXXII.
« Et ne nous flattons point de notre grand nombre. Il nous semble que nous sommes beaucoup, mais nous sommes fort peu aux yeux de Dieu. C'est nous qui distinguons les pays et les nations ; car à Dieu, tout l'univers n'est qu'une province. Les rois ne voient ce qui se passe dans leurs États que par les yeux de leurs ministres. Mais ce monarque du monde n'a pas besoin que personne le vienne avertir. Nous ne sommes pas seulement dans ses yeux, mais dans son sein. Mais quoi! il n'a de rien servi aux Juifs d'adorer un seul Dieu avec des temples, des autels, et un si grand nombre de cérémonies. Tu t'abuses en oubliant le passé et ne faisant mention que des derniers événements ; car tant qu'ils ont adoré notre Dieu saintement, religieusement et innocemment, je dis notre Dieu, parce qu'il n'y en a point d'autre et qu'il est le Dieu de tout le monde ; tant qu'ils ont obéi à ses commandements salutaires, d'un petit nombre ils sont devenus une grande multitude, de pauvres ils ont été faits riches, et d'esclaves rois. Tous les éléments ont combattu pour eux contre leurs ennemis; en fuyant ils ont défait ceux qui les poursuivaient, et sans armes ils ont vaincu des hommes armés. Parcourez leurs écrits, ou si vous aimez mieux ceux des Romains ; lisez ce qu'en ont écrit Flavius Joseph, et Antonius Julianus, pour ne point parler de ceux qui les ont précédés, et vous trouverez que leurs péchés ont attiré sur eux ce châtiment, et qu'il ne leur est rien arrivé qui ne leur ait été prédit longtemps auparavant, s'ils persistaient dans leur rébellion. Si bien qu'ils ont abandonné Dieu avant que Dieu les ait abandonnés. Ils n'ont point été pris avec lui, comme vous le dites en blasphémant, mais il les a livrés comme des déserteurs à la cruauté de leurs ennemis.
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