CHAPITRE II. SALUT IMPOSSIBLE MEME APRÈS LE BAPTÊME SANS RÉFORME DES MOEURS. — SOUFFRIR LES PÊCHEURS DANS L'ÉGLISE SANS PRÉJUDICE DE LA DISCIPLINE.
3.
Je réponds à ces personnes et je leur (554) déclare d'abord qu'on ne doit pas interpréter les passages où l'Écriture signale dans le présent ou prédit pour l'avenir un mélange des bons et des mauvais dans l'Église , de manière à relâcher ou même à détruire la discipline dans sa rigueur et dans sa pureté on ne serait plus alors éclairé par les saintes Lettres, mais abusé par son sens propre. Moïse, le serviteur de Dieu, a sans doute toléré avec une patience infinie ce mélange dans le peuple primitif : tuais il n'en a pas moins condamné au glaive un grand nombre de coupables. Le prêtre Phinéès surprit des adultères et les perça immédiatement du fer vengeur 1. La dégradation, l'excommunication sont le symbole de ces châtiments, dans la discipline actuelle de l'Église, qui a fait rentrer dans le fourreau le glaive visible. Le saint Apôtre se résigne sans doute à gé mir au milieu des faux frères 2, il permet à quelques prédicateurs, malgré la jalousie diabolique dont l'aiguillon les harcèle, d'annoncer Jésus-Christ 3; mais il ne garde aucun ménagement pour le chrétien qui s'est marié avec la femme de son père : il ordonne qu'on rassemble l'Église et qu'on le livre à Satan, pour la mort de la chair et afin que son âme soit sauvée au jour du jugement de Notre-Seigneur Jésus-Christ 4 lui-même en livré plusieurs à Satan, afin qu'ils apprennent à ne plus blasphémer 5. Autrement les paroles suivantes n'auraient plus aucun sens : « Je vous ai écrit dans une première lettre de rompre tout commerce avec les fornicateurs ; je ne voulais pas parler des fornicateurs de ce monde, ni des avares, ni des voleurs, ni des idolâtres ; autrement vous seriez obligés à sortir du monde. J'ai voulu vous dire que, si celui qui compte parmi les frères, est fornicateur, ou idolâtre, ou avare, ou médisant, ou ivrogne, ou voleur, vous ne deviez pas même manger avec lui. A quel titre en effet jugerais-je les infidèles ? N'est-ce pas sur les fidèles que s'étend votre droit de juger? Dieu jugera ceux qui sont hors de l'Église : quant à vous, chassez ce fléau du milieu de vous 6. » Par ces mots, du milieu de vous, quelques-uns entendent l'obligation où nous sommes fous d'arracher de nous-mêmes le péché, en d'autres termes, de devenir bons. Mais soit qu'on entende qu'il faille livrer les méchants à la sévérité de l'Église et leur infliger la peine de l'excommunication, soit qu'on voie dans ce passage le devoir pour tout fidèle d'extirper le péché de son coeur par la pénitence et le changement de vie, il n'y a pas d'équivoque dans les paroles où l'Apôtre prescrit de n'avoir aucun commerce avec des frères souillés des vice qu'il vient d'énumérer, en d'autres termes, avec les gens décriés et perdus. de réputation.
