CHAPITRE XVIII. CE N'EST PAS UNE NOUVEAUTÉ D'ÉCARTER DU BAPTÊME LES PÉCHEURS ENDURCIS.
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Dans l'opinion qui nous sépare de nos frères et que ses conséquences dangereuses obligent à rejeter, qu'elle soit ancienne ou moderne, une chose me parait étrange : c'est le reproche de nouveauté attaché à la' doctrine qui défend d'admettre au baptême les gens assez pervers pour afficher la résolution de persister dans leur égarements. On dirait que leur imagination les emporte je ne sais où; car les courtisanes, les histrions et autres pourvoyeurs' de la corruption publique ne sont admis aux sacrements de l'Eglise qu'à la, condition de briser leur chaîne; or, en suivant les maximes de nos adversaires, on les admettrait tous indifféremment, Mais la sainte Eglise reste fidèle à l'antique et inaltérable tradition qui remonte à ce principe si clairement établi par ces paroles : « Tous ceux qui commettent de pareils crimes ne posséderont point le royaume de Dieu 1. » Si la pénitence n'efface pas ces oeuvres de mort, le baptême est interdit aux pécheurs s'ils l’obtiennent par surprise et qu'ils ne réforment pas leurs moeurs, leur salut est impossible. Les ivrognes, les avares, les médisants et tous les pécheurs dont les habitudes criminelles ne prêtent pas matière à une condamnation motivée sur des actes notoires, sont l'objet des vigoureuses admonestations du catéchisme, et n'entrent dans le bain sacré qu'après avoir témoigné des dispositions meilleures. Quant aux adultères, condamnés par les lois divines et non par les lois humaines, on les a peut-être admis trop légèrement au baptême dans quelques Eglises; mais ce sont des exceptions qu'il faut condamner au nom de la règle, au lieu de fausser la règle d'après ces précédents; en d'autres.termes, il faut repousser les indignes au lieu d'admettre en principe que les postulants ne doivent recevoir aucune instruction morale, et d'accueillir par une conséquence nécessaire tous les esclaves de la corruption publique, courtisanes, prostitueurs, gladiateurs et autres gens de cette espèce, dussent-ils rester attachés à leur métier. Les crimes dort l'Apôtre fait l'énumération terminée par cette sentence: « Ceux qui les commettent ne posséderont point le royaume de Dieu, » trouvent, dans les personnes qui agissent avec énergie, des censeurs vigoureux. Les confesse-t-on ? elles les blâment avec toute la divinité de leur caractère ; est-on rebelle et affiche-t-on l'intention de persévérer? elles refusent le baptême.
Gal. V, 19-21 ; I Cor. VI, 9, 10. ↩
