V. 7
« Il y a temps de se taire et temps de parler.» Je ne sais si les disciples de Pythagore n'ont point emprunté de cet endroit la maxime qu'ils suivent exactement, d'être cinq ans sans parler, afin de ne dire ensuite que des paroles sages et judicieuses. Apprenons nous-mêmes à nous taire avant que de nous donner la liberté de parler. Soyons muets pendant un certain temps, et n'ayons que des oreilles pour écouter les leçons d'un habile maître et de notre précepteur. N'estimons rien bien dit que ce que nous avons appris d'un autre et que nous avons médité fort longtemps. N'ayons point la présomption de prendre la dualité de maîtres, qu'après un silence de plusieurs années. Mais au lieu d'observer ces maximes, nous nous laissons aller à la corruption du siècle présent, qui est plus grande que celle de tous les siècles passés, et nous ne nous embarrassons point d'enseigner dans les Eglises des choses dont nous n'avons point de connaissance; et s'il arrive que nous nous attirions les applaudissements de nos auditeurs, soit par des discours étudiés et bien arrangés, soit par quelque artifice du démon, qui favorise toujours l'erreur et le mensonge, nous nous flattons, contre le témoignage de notre propre conscience, de savoir ce que nous avons pu persuader aux autres. Les arts cependant ne peuvent s'apprendre que sous la conduite de quelque bon maître. Il n'y a que l'art de prêcher les vérités divines qu'on regarde avec mépris, qu'on croit si facile que chacun s'en peut mêler sans avoir eu de précepteur pour se rendre capable d'instruire les autres.
