V. 16 et 17
« J'ai vu sous le soleil l'iniquité dans le lieu du jugement et l'iniquité dans le lieu de la justice; et j'ai dit en mon coeur ; Dieu jugera le juste et l'injuste, et alors ce sera le temps de toutes choses.» Le sens de ces passages est fort clair dans l'original; la traduction v a répandu quelque obscurité et un peu de ténèbres. Je me suis appliqué sous le soleil que nous vouons, dit l'Ecclésiaste, à la recherche de la vérité et de la justice. ; je l'ai cherchée dans le lieu où elle devrait régner, et j'ai vu l'impiété et l'injustice sur le trône des juges, au milieu desquels les présents l'ont pencher la balance au préjudice de la vérité et de la ,justice. Je m'étais toujours persuadé que l'équité n'était pas tout-à-fait bannie des palais et des tribunaux, que le juste y trouvait de la protection, qu'il y était traité selon son mérite, et l'injuste puni à cause de ses crimes; mais j'ai reconnu que je m'étais trompé et qu'il en était tout autrement, puisque les justes sont maltraités dans ce monde et affligés de plusieurs calamités, pendant qu'on voit des scélérats dans un grand crédit et s'élever quelquefois jusque sur le trône. Rentrant ensuite en moi-même et m'entretenant de ces pensées, j'ai fait réflexion que Dieu ne jugeait point les hommes sur la terre à diverses reprises et les uns après les autres; mais qu'il se réservait à les juger tous ensemble à la fin des siècles, où chacun recevra selon ses couvres et selon les intentions de son coeur. C'est ce que signifient ces dernières paroles : « Et alors sera le temps de l'examen de toute volonté et de toutes les actions que l'on aura faites; » ce qui veut dire que quand Dieu commencera à juger tous les hommes, la vérité paraîtra toute nue; au lieu que, pendant cette vie, le mensonge et l'injustice ont pris la place et règnent partout dans ce monde. Nous lisons un passage semblable dans le livre intitulé La sagesse de Syrach: «Ne dites point : Pourquoi cela, ou pourquoi ceci? parce que chaque chose sera recherchée dans son temps. »
