17. Le commencement du combat spirituel est de réprimer la gourmandise.
Voulez-vous entendre un véritable athlète du Christ, combattant comme il faut dans l'arène? « Pour moi, dit saint Paul, je cours, mais non pas au hasard; je combats et je ne frappe pas vainement l'air, mais je châtie mon corps et je le réduis en servitude, de peur qu'après avoir prêché les autres, je ne sois réprouvé moi-même. » (I Cor., IX, 26, 27.) Vous voyez que c'est en lui-même, c'est-à-dire dans sa chair, que l'Apôtre met la lutte principale et qu'il espère seulement vaincre en châtiant son corps et en le réduisant en servitude. « Je cours, mais non pas au hasard. » Celui-là ne court pas au hasard qui regarde la Jérusalem céleste et n'en détache jamais les yeux de son coeur. Celui-là ne court pas au hasard qui oublie ce qu'il laisse derrière lui et s'efforce d'atteindre ce qui est devant, cette récompense que lui promet sa vocation sublime dans le Christ Jésus, vers lequel il s'élance de toute son âme pour s'unir à lui par l'amour, en disant avec confiance : « J'ai combattu un bon combat, j'ai achevé ma course et j'ai gardé la foi. » (II Tim., IV, 7.)
Et comme il savait qu'il avait toujours couru avec ardeur et courage après l'odeur des parfums de Jésus-Christ, et qu'il avait vaincu dans ses combats spirituels, en châtiant sa chair, il ajoute avec confiance : « Du reste j'attends la couronne de justice que le Seigneur me donnera au jour de son juste jugement. » Et pour nous faire espérer la même récompense , si nous voulons l'imiter dans ses combats, il ajoute encore : non-seulement à moi, mais à tous ceux qui aiment son avènement. » (Ibid., 8.) Il nous assure ainsi que nous partagerons sa couronne au jour du jugement. Si nous aimons l'avènement du Christ, non pas seulement cet avènement qui arrivera à la fin du monde, lors même que nous n'y consentirions pas, mais encore cet avènement qui a lieu, tous les jours, dans les saintes âmes; et c'est en châtiant notre corps que nous remporterons cette belle victoire. C'est de cet avènement que parle Notre-Seigneur dans l'Évangile, lorsqu'il dit : « Moi et mon Père, nous viendrons à lui et nous nous établirons en lui » (S. Jean, XIV, 23); et encore : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je mangerai avec lui, et lui avec moi. » (Apoc., III, 20.)
