9. De la mesure dans l'abstinence et des suites du jeûne.
On doit moins juger l'abstinence par l'éloignement des repas et la qualité des aliments que par le témoignage de sa conscience. Chacun ne pratique la tempérance qu'autant qu'il lutte contre les convoitises de son corps. Il est certainement utile d'observer les jeûnes que la règle impose; mais nous ne les pratiquons pas parfaitement, si nous ne sommes pas sobres au repas du soir. Si nous mangeons beaucoup, après un long jeûne, nous nous serons fatigués pendant quelques heures sans acquérir la chasteté que donne l'abstinence. La pureté de l'âme vient des privations du corps. Celui-là ne peut conserver une continence parfaite qui se contente d'une tempérance passagère; et même on peut dire que ceux qui mangent trop après des jeûnes rigoureux, se laissent aller plus facilement au vice de la gourmandise. Il vaudrait mieux prendre, tous les jours, un repas raisonnable que de jeûner longuement et avec excès. Une abstinence exagérée , non-seulement affaiblit notre esprit, mais nous rend incapables de prier par l'épuisement de notre corps.
