35. De la manière de bien employer la nuit.
L'abbé Théodore vint, une nuit, me surprendre tout à coup dans ma cellule; j'étais seul alors et encore bien novice, et il voulait voir par bonté ce que je faisais. Il remarqua qu'après l'office du soir, je pensais déjà à me reposer et à m'étendre sur ma natte. Il poussa un profond soupir, et m'appelant par mon nom : «Frère Jean, me dit-il, combien, à cette heure, s'entretiennent avec Dieu , l'attirent et le retiennent dans leur coeur! Et vous vous privez d'une si grande grâce, en vous abandonnant au sommeil1 »
Puisque les vertus de ces saints solitaires nous ont un peu écartés de notre sujet, il faut que je rapporte encore un acte de charité qu'un religieux célèbre, Archebius, accomplit à notre égard. Cet exemple d'ailleurs n'est pas déplacé dans ce livre; il montrera que l'abstinence devient plus pure et plus belle par son union à la charité. La privation est une offrande agréable à Dieu, lorsqu'elle a pour but des oeuvres de charité.
Cassien parle de ces religieux dans sa VIIIe Conf., ch. V. ↩
