18. Des différents combats de l'apôtre saint Paul pour obtenir la couronne.
L'Apôtre déclare bien avoir parcouru la carrière, lorsqu'il dit : « Je cours, mais non pas au hasard. » Il exprime ainsi particulièrement le zèle, l'amour avec lequel il suivait le Christ, de toute son âme, en chantant comme l'Épouse : « Nous courons après vous, à l'odeur de vos parfums » (Cant., I, 3); et comme David : « Mon âme s'est attachée à vous. » (Ps. LXII, 9.) Mais il déclare aussi avoir vaincu dans une autre sorte de combat, lorsqu'il dit : « Je combats et je ne frappe pas en l'air, mais je châtie mon corps et je le réduis en servitude. » Et ceci regarde les privations de la continence, le jeûne corporel et la mortification de la chair. Il montre qu'il a combattu généreusement contre lui-même et qu'il n'a pas vainement dirigé contre son corps les coups de l'abstinence, mais qu'il a triomphé dans la lutte en mortifiant son corps, et que c'est en le châtiant avec les verges de la pénitence, en le brisant par les rigueurs du jeûne, qu'il a fait remporter à l'esprit vainqueur la couronne immortelle et la palme incorruptible.
Remarquez l'ordre régulier de la lutte et admirez le succès de ces combats spirituels. L'athlète du Christ a remporté la victoire sur la chair rebelle, il l'a foulée aux pieds et il s'avance comme sur un char de triomphe. Il ne court point au hasard , puisqu'il a toujours espéré qu'il entrerait bientôt dans la Jérusalem céleste.
Et il combat par le jeûne et la mortification, sans donner des coups en l'air, c'est-à-dire sans perdre les effets de sa continence, puisqu'en châtiant son corps, il atteint les esprits qui le tourmentent. Aussi l'Apôtre, après avoir vaincu dans tous ces combats et s'être enrichi de tant de couronnes, peut bien lutter contre des ennemis plus puissants et s'écrier avec confiance, après ces premières victoires : « Nous n'avons plus à lutter contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les puissances, contre les princes du monde des ténèbres, et contre les esprits de malice répandus dans l'air. » (Éph., VI, 12.)
