24. Les solitaires d'Égypte rompent le jeûne pour ceux qui arrivent.
Lorsque nous fîmes le voyage de Syrie, en Égypte, pour nous y instruire auprès des solitaires, nous admirâmes avec quelle cordialité on nous recevait partout. On ne faisait pas comme dans les couvents de Palestine, où l'on attendait, pour nous faire manger, l'heure de rompre le jeûne, excepté le mercredi et le vendredi, qui étaient des jours privilégiés; mais dès que nous arrivions, on servait le repas. Comme nous interrogions un des Pères sur cette facilité avec laquelle ils rompaient le jeûne ordinaire : « Je puis, dit-il, toujours jeûner, quand je suis seul; mais je ne puis vous avoir toujours avec moi, car vous devez bientôt nous quitter. Le jeûne sans doute est utile et souvent nécessaire, c'est cependant une offrande que nous faisons librement, tandis que remplir les devoirs de la charité, est un précepte formel et absolu. Je reçois en vous le Christ même, et je dois bien le traiter. Après votre départ, il me sera facile de compenser par un jeûne plus sévère l'adoucissement que je me suis permis à cause de lui. Les enfants de l'Époux ne peuvent jeûner quand l'Époux est avec eux; mais quand il les aura quittés, ils pourront jeûner. (Luc, V, 34.)
