36. Description d'un désert où vivaient quelques anachorètes.
Nous étions encore bien nouveaux dans la vie religieuse, lorsque nous vînmes des monastères de Palestine à une ville d'Égypte, appelée Diolcos; il y avait là un nombre considérable de religieux qui vivaient d'une manière admirable, sous une règle très-ancienne et très-sévère; mais l'éloge qu'on nous fit d'un ordre de religieux plus parfaits nous donna un extrême désir de les voir. C'étaient les anachorètes qui, après avoir vécu longtemps dans les monastères et y avoir pratiqué la patience , l'humilité, la pauvreté et s'être purifiés de tous les vices, pénétraient dans les solitudes les plus profondes, pour y livrer aux démons de plus grands combats '. Nous savions qu'il y avait de ces religieux près du Nil, dans un lieu qui est borné d'un côté par le fleuve et de l'autre par la mer, et qui forme ainsi une île. Des solitaires peuvent seuls y habiter, car le sel que contient le sol et la stérilité des sables n'y permettent aucune culture. Nous avions hâte de les voir, et nous filmes étonnés, au delà de toute expression, des peines que l'amour de la solitude et de la contemplation leur faisait supporter. Ils avaient tant de difficultés à se procurer de l'eau qu'ils la ménageaient avec plus de soin que n'en met un avare à conserver et à épargner le vin le plus précieux. Il fallait faire trois milles et plus, pour aller puiser au fleuve celle qui leur était nécessaire, et la fatigue de ce voyage était doublée par les montagnes de sable qu'il fallait franchir.
