XXIII.
1 Les âmes ne renaîtront point, parce qu'il est impossible qu'elles renaissent ; mais elles ressusciteront, seront revêtues de leurs corps par un effet de la puissance de Dieu, conserveront le souvenir de leurs actions, et, jouissant d'une abondance incroyable de biens célestes, rendront grâces à Dieu de ce qu'il aura éloigné d'elles tous les maux, et de ce qu'il les aura appelées à une vie et ä un empire qui n'auront point de bornes, non plus que l'éternité. Les philosophes ont entrepris de parler de la résurrection ; mais la doctrine qu'ils ont eue sur ce sujet n'a pas été moins corrompue que celle des poêles. Pythagore a prétendu que les âmes passent en de nouveaux corps; mais il est inexcusable en ce qu'il les fuit passer dans des corps de bêtes d'abord, et en des corps d'hommes ensuite, et en ce qu'il assurait que la sienne avait autrefois animé le corps d'Euphorbe. Chrysippe, que Cicéron dit être comme une colonne qui soutient la galerie de« stoïciens, en a jugé plus raisonnablement lorsque, parlant du renouvellement du monde dans le livre qu'il a composé de la Providence, il a écrit ce qui suit : « Les choses étant telles que je viens de les représenter, il est clair qu'il n'est pas impossible que, quand nous serons morts, nous retournions après un certain cercle d'années à l'état où nous sommes aujourd'hui. » Mais laissons-là l'autorité des hommes pour écouter celle de Dieu. Voici ce que dit la sibylle :
Il n'y a point de foi maintenant parmi les hommes ; mais lorsque Dieu les jugera, et qu'il distribuera aux bons et aux méchant les récompenses et les châtiments qu'ils auront mérités, les médians tomberont dans le feu et reconnaîtront la justice de leur condamnation ; les gens de bien, au contraire, demeureront encore sur la terre et y jouiront de l'honneur et de la gloire.
Puisque les prophètes, les devins, les poètes et les philosophes, conviennent de la résurrection des morts, que personne ne nous demande de quelle manière elle se pourra faire. On ne saurait rendre raison des ouvrages de Dieu. Il faut croire qu'ayant bien su créer l'homme, il saura bien le réparer.
